Portrait de blogueuse entrepreneure #2 : Rencontre avec Isabelle, au coeur de la relation marques/blogueuses

Enfin !

Après des semaines d’attente, voici la 2ème interview inspirante, dont le but avoué est de montrer la diversité de situations des personnes dont le blog a impacté positivement la vie professionnelle (Le but non avoué étant de me permettre de me prendre pour la fille de Nelson Monfort et Michel Drucker).

Aujourd’hui j’accueille Isabelle, plus connue dans la blogosphère parentale sous le nom d’E-zabel. Sur son blog Isabelle nous livre, depuis près de 10 ans et avec beaucoup d’humour, son quotidien de maman parisienne. Un blog authentique, comme elle, avec de vrais morceaux de vie de maman dedans et une réelle influence dans la sphère parentale. Côté pro, Isabelle conseille les marques pour leur communication digitale dans son agence de com’ experte du secteur famille (y a comme un lien non ?). Elle est surtout une personne ‘vraie’, abordable et drôle avec qui il est toujours agréable d’échanger et de travailler.

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Pour les lectrices qui ne te connaîtraient pas encore, peux-tu te présenter en quelques lignes ?

E-zabel est le nom que j’ai choisi il y a un peu plus de 9 ans (en février 2008) quand j’ai décidé d’ouvrir un blog. Sinon, évidemment, je m’appelle Isabelle. J’ai 41 ans, pacsée, deux enfants, une fille (ado déjà) de 12,5 ans et un garçon qui vient d’avoir 10 ans. Les deux sont désormais collégiens. Le petit ayant cherché à rattraper sa sœur en démarrant l’école primaire.

Parisienne, j’aime faire rire en expliquant que passer le périph est douloureux pour moi, mais je rêve de voyage, de vert et d’air pur. J’ai désormais un seul métier, ce qui ne fut pas le cas tout le temps, j’avoue aimer être occupée.

Ma crainte : le grain de sable qui vient pourrir ton « organisation » (notez l’usage des guillemets, c’est important).

Sur ton blog tu racontes ta vie de working-mum Parisienne, dis-nous-en plus !

Il faut se replacer dans un contexte préhistorique de la blogosphère parentale. À cette époque pré-Florence Foresti, les blogs de « mamans » se comptaient sur les doigts d’une main. Je n’en lisais pas, je venais plutôt du monde des forums (coucou les janviettes). Après la naissance de mon 2ème, j’ai fait ce qu’on appelle une dépression postnatale (oh comme c’est original !), en attendant, j’ai vite déchanté en cherchant des réponses à mon ressenti du moment : « pourquoi j’ai fait un 2ème alors que tout allait si bien », « pourquoi est-ce que j’ai envie de m’enfermer pour toujours dans une grotte », « pourquoi je les aime, mais je ne peux pas m’en occuper »… rien dans les magazines débordant de cuculapralinesse. Je me suis sentie différente, incomprise.

C’est mon psychiatre qui m’a conseillé de faire quelque chose POUR MOI et qui m’a indirectement du coup fait ouvrir ce blog. J’avais envie d’y créer un personnage, il y avait DeeDee, qui racontait sa vie de femme parisienne… Je voulais raconter la vie d’une maman parisienne. Une normale qui jongle non stop entre sa vie pro/perso. Une imparfaite. J’ai donc lancé e-zabel.fr (j’ai acheté un nom de domaine et pris un petit hébergement OVH, puis j’ai fait faire mon premier template) qui en fait s’est révélé ne pas être un personnage de fiction, mais bel et bien moi. Mon slogan de l’époque : non, ce n’est pas QUE du bonheur.

Aujourd’hui, ce message est heureusement très courant. En 2008, j’ai reçu très vite de nombreuses visites et messages. Mes billets quotidiens faisaient du bien, je faisais rire, j’étais soi-disant celle qui permettait enfin de dire que bah non je n’ai pas envie de les garder ce mercredi, j’ai envie d’aller me faire masser/lire un livre en terrasse peinarde, et que je les récupérerai le soir zen et heureuse.

Alors, j’ai continué. J’écris sur notre vie quotidienne, le bon, le mauvais, les réussites, les échecs, les questions. Les enfants ont grandi, le blog a suivi, les sujets aussi. On pourrait penser qu’on sait donc tout de moi, il n’en n’est rien. Je n’aborde aucun thème pouvant mettre à défaut mes proches. Je ne parlais jamais de mon job de l’époque. Je n’ai jamais montré les visages des enfants ni donné leurs prénoms. Je ne montre que ce que je veux montrer.

Raconte-nous un peu ton parcours professionnel jusqu’ici.

J’ai un BAC A2, un DEUG d’histoire-géo, un DUT info-com option documentation et une maitrise Information-Documentation.

J’ai démarré comme documentaliste de presse, puis j’ai passé 13 ans dans une compagnie d’assurance à gérer des projets « éditoriaux web » de type intranet.

Comment s’est fait le lien entre blogging et activité pro pour toi ?

Très naturellement, en fait, j’ai vite compris l’importance de bien gérer le contenu de mon blog. Mon Homme m’a beaucoup aidé sur ce point. Orthographe irréprochable, même si une coquille peut évidemment toujours se glisser par-ci par-là, pas de bannière publicitaire qui clignote de partout, de badge qui s’accumule. Une belle image, personnalisée. Ensuite quand les marques sont arrivées (clairement après mon passage dans le ELLE fin 2008, puis France 2 début 2009), il a fallu trier, refuser beaucoup de choses qui ne correspondaient pas à ma « ligne éditoriale ».

J’ai donc très vite appris sur le tas à : gérer une communauté, m’occuper des relations marques/blogueurs, imaginer des partenariats originaux et qualitatifs. J’ai aussi rencontré beaucoup de monde du secteur « famille » : marques, agences, experts, etc.

On m’a tout d’abord proposé d’être payée pour écrire sur d’autres supports web. J’ai dit oui, surprise, mais ravie de pouvoir faire passer mes messages de déculpabilisation ailleurs que sur e-zabel ! Ensuite, j’ai commencé à rendre service « T’as pas un contact chez …? » « Dis-moi, mais comment on fait pour contacter une blogueuse…» et j’ai vite compris qu’en fait, je possédais quelques connexions, informations et compétences que je pouvais « vendre ».

Je me suis mise tout d’abord en statut autoentrepreneur et j’ai demandé à passer à 50% côté boulot « officiel » pour être hyper clean. Cette période m’a permis de vérifier que j’allais dans le bon sens. C’est en 2015 que j’ai (enfin) quitté mon CDI pour m’associer avec Roxane Rose dans son agence Com&Kids. Prenant en main le nouveau pôle influenceurs.

Parlons argent, je dis dans un de mes articles qu’on n’est pas payé pour bloguer, mais pour quelque chose qu’on vend à travers son blog. Alors toi, monétises-tu directement ton blog ? Si oui, de quelle façon ?

Je n’ai pas gagné beaucoup d’argent avec le blog. Je n’ai jamais voulu le monétiser (aucune bannière pub par exemple). À une époque j’aurais sincèrement pu à mon avis en retirer un petit revenu, mais je ne voulais pas être dépendante des marques, je ne voulais pas ressembler à un panneau publicitaire. Et puis je pouvais me le permettre : j’avais un job stable à côté ! Du coup, pour moi, le blog était un loisir, sérieux, mais non professionnel. Ce que j’ai accepté et accepte toujours de temps en temps : la publication d’articles sponsorisés (= rémunérés en numéraire). La condition : le produit ou le service dont je dois parler doit coller exactement à ma ligne édito à savoir à notre vie de famille. J’aurais pu l’acheter, l’utiliser de manière naturelle. Sinon, je n’en parle pas.

Cela réduit considérablement les choses.

Je n’accepte pas non plus les liens payés à droite à gauche. Ça m’a toujours saoulé de gérer whatmille intermédiaire pour récupérer 3 francs 6 sous et pourrir mon blog. Encore une fois, je pouvais me permettre de décliner, ce n’est pas le cas de tous les blogueurs. J’ai fait ce choix dès le début et je m’y tiens toujours, près de 10 ans après.

Les « cadeaux », j’en ai reçu beaucoup évidemment. Là aussi j’ai fait du tri. Mes enfants ont vite compris qu’ils n’auraient rien en dehors des occasions classiques, j’ai donné beaucoup autour de moi également. Ce que j’ai vraiment gagné avec ce blog c’est : un nouveau métier que j’adore, une santé mentale, un réseau, de vraies amies, des rencontres humaines très fortes notamment avec mes lectrices, des visites/voyages pour ma famille, des choses EXTRAordinaires que je n’aurai jamais pu leur offrir : des accès aux parcs d’attractions en VIP, des visites, des spectacles, des vacances même !

Le blog a contribué au bien-être de TOUTE ma famille et ça, c’est très important pour moi. Il a mis du beurre dans les épinards. Mais surtout, il m’a aidé à me reconstruire après cette dépression postnatale. Il m’a réellement aidé à changer.

Quels sont, pour toi, les avantages et les difficultés ou inconvénients de ta double casquette blogueuse/ conseil en communication digitale ?

Clairement, l’avantage est que je considère SAVOIR exactement comment contacter un blogueur. J’ai une connaissance énorme du contexte, de l’histoire de la blogosphère parentale. J’ai vu toutes les générations d’influenceurs parents arriver (et pour certains repartir). C’est mon terrain quotidien. Je parle tous les jours avec de nombreux « collègues » blogueurs parents.

L’inconvénient… je ne peux pas travailler avec tous les blogueurs que j’apprécie et à l’inverse je dois parfois contacter des influenceurs avec lesquels j’ai moins d’affinité personnelle.

Le plus difficile est quand je dois expliquer à un client ou un prospect que non, définitivement son projet win/win n’est pas une bonne idée. AH AH AH

D’après toi quelles sont les qualités dont on doit faire preuve pour tenir un blog professionnel ou « semi-professionnel » ?

Le plaisir d’écrire. Mais vraiment écrire. Pas juste poster les photos qu’on a mises sur Instagram dans un billet de blog. Évidemment en découle un soin au niveau de l’orthographe. Il existe des outils pas chers qui rendent de grands services.

La rigueur. Collectionner les macarons de partenariats … aimer une marque et le surlendemain son principal concurrent, juste parce que du coup, on a pu récupérer un produit. Il faut rester cohérent dans ses choix à mon sens. Ou alors trouver une très bonne excuse 😊 Côté marque, c’est très « dur » quand on a établi une relation avec une blogueuse de voir qu’à peine le billet publié, elle tourne vers une offre alléchante d’une marque du même secteur.

Quelles sont tes sources d’inspiration, les gens que tu suis régulièrement ?

J’ai vu Marie (Les Mamans testent) démarrer son blog et je me revois pleurer de rire en la lisant. Elle fait partie de cette poignée de blogueurs avec qui j’ai largement dépassé la frontière virtuelle. Idem pour Michaël (Papa cube) qui est un mec vraiment hyper cool. Je sais sur qui je peux compter : Sabine (Sabine et Associés), Benjamin (Till The Cat – le papa blogueur historique rappelons-le), Natacha (Cranemou), mais aussi Marjolaine (Marjoliemaman) et Isabelle (Mon blog de maman, on nous a souvent confondus à nos débuts d’ailleurs).

Dernièrement, j’ai eu un vrai coup de cœur amical et bloguesque pour Sylvie (Gang of mothers) et Elisa (Et Dieu créa).

Et là je stresse d’avoir oublié quelqu’un !!

As-tu des outils à conseiller ou des astuces pratiques pour les blogueuses ?

• Antidote (pour l’orthographe)
• Google Analytics (les stats blogger ou WordPress donnent de faux espoirs)

Mon seul et unique conseil si je peux me permettre : laissez tomber les stats, faites ce que vous voulez, soyez vous-même, prenez juste plaisir à écrire et à partager.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux femmes qui aimeraient se lancer dans l’entrepreneuriat en ligne ?

Lancez-vous à deux 😊 On est bien plus fort. J’ai eu la chance de rencontrer Roxane, je ne sais pas si j’aurai pu aller aussi loin aussi vite côté pro sans elle. Non en réalité, je sais que non.

Quels sont tes projets avec ton blog pour les semaines à venir ?

Je profite de l’été pour faire un petit check référencement naturel. J’ai trop d’articles indexés m’a-t-on dit ! Tu m’étonnes ! Près de 10 ans de blogging !

Sous 6 mois, j’aimerais refaire une nouvelle fois le design. Cela va demander un petit investissement encore, mais je le fais régulièrement, parce que c’est mon bébé et que j’ai envie qu’il soit bien habillé 😊.

Au niveau éditorial, je poursuis vers la préadolescence et l’adolescence avec ce que cela implique de nouveaux sujets interdits… je dois en parler, mais en protégeant toujours l’intimité de mes enfants. Désormais, ils lisent le blog, leurs amis aussi. C’est un vrai challenge éditorial, j’adore ça évidemment ! Parler de sujets ultra touchy sans trop impliquer. C’est un défi que j’ai envie de relever. Les parents qui me suivent depuis longtemps ont tant de nouvelles questions (et moi donc !), je me dois d’être encore là pour échanger avec eux sur ces nouvelles problématiques de « grands ».

Si tu as autre chose à ajouter, c’est le moment !

Merci Cécile d’avoir pensé à moi pour cette rubrique, je suis très touchée. Je voulais dire que j’étais vraiment hyper disponible pour qui a envie de me poser des questions, prendre un café. Je l’ai toujours fait, je n’ai pas l’intention d’arrêter. Ceux qui m’ont croisé le savent, je suis quelqu’un de très simple et j’aime échanger.

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Merci à Isabelle pour cette chouette interview. J’espère qu’elle t’inspirera, toi qui nous lis, pour ton parcours de blogueuse et, éventuellement, d’entrepreneure ! En plus de jolies rencontres, bloguer nous apporte parfois des compétences et des ressources bien utiles professionnellement, il suffit de savoir les utiliser à bon escient.

Tu peux retrouver Isabelle sur :

• Son blog de maman
• Facebook
• Twitter
• Instagram
• Le site de son agence

Tu pourrais avoir envie de voir le parcours de « blogueuse pro » de Marina que j’avais interviewée précédemment, celui de Julia, l’interview de Morgane ou celle de Laura et les conseils blogging de Sophie.