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Depuis que j’accompagne des personnes à reprendre les rênes de leur temps et que je m’intéresse de plus près à la gestion du temps, la productivité et toute cette sorte de choses, il y a des trucs qui me font tiquer dans ce que j’entends ou lis. Des idées fausses, des phrases qu’on se dit sans trop y réfléchir, des injonctions mêmes, qui, sans en avoir l’air, nous empêchent d’être aux commandes de notre propre vécu.
Et ça m’énerve.
Et qu’est-ce que je fais quand un truc m’énerve… j’écris (OK parfois je crie, mais là personne n’a fait ses griffes sur mon canapé ou shooté dans la télé avec un ballon donc on va garder l’accent sur le -e-).
Doooonc : Voici 5 croyances qui t’empêchent de gérer ton temps aussi bien que tu le voudrais. La 4ème va t’étonner.
(Nan je déconne… c’est la 5ème en fait).
Croyance #1 : Je ne suis pas organisé•e
Celle-ci vient souvent avec ses dérivées « J’ai besoin de flexibilité » « J’aime laisser beaucoup de place à la spontanéité » .
Alors, attention, je ne dis pas que tout le monde est en réalité quelqu’un d’hyper carré pour qui le sens de la structure est inné, et que si tu cherches bien (bien) profond en toi tu y trouveras la fille spirituelle de David Allen et Marie Kondō. Même si, avec un peu d’entraînement, on peut toujours bouger sur l’échelle qui va de Jake Perralta à Amy Santiago (désolée si t’as pas vu Brooklyn 99), certaines personnes ont plus de facilités pour prévoir, planifier, poser un cadre et s’y tenir que d’autres (qui ont d’autres talents).
Mais derrière ce « Je ne suis pas organisé•e » vient souvent la croyance qu’être organisée c’est être rigide : Tout prévoir à l’avance, savoir combien de temps chaque étape va prendre, planifier à la minute près et s’en tenir au plan…. Diablement rassurant mais pas très excitant non ?
A ce compte-là, il n’y a pas beaucoup de personnes organisées, je t’assure… Même les personnes qui ont un talent pour la structure et apprécient les routines n’en sont pas là. Perso j’adore prévoir et planifier, ça veut pas dire que je m’en tiens au plan, quant à l’évaluation du temps nécessaire par étape je suis une catastrophe à ce niveau.
En réalité, l’organisation ce n’est pas une faculté innée à poser un cadre (efficace mais rigide) mais un système qui se construit sur-mesure. Tu n’as pas besoin d’être organisé•e mais juste d’avoir un système d’organisation qui te corresponde, aussi souple ou rigide que tu en ressens le besoin. Ce système doit simplement te permettre d’atteindre les résultats que tu veux atteindre en te sentant bien. C’est un moyen à avoir, pas une manière d’être.
Croyance#2 : Je n’ai pas les moyens de déléguer
Dans mes accompagnements, j’évoque notamment 2 façons de gagner du temps pour les tâches qui doivent être faites : automatiser et déléguer. Et quasi-systématiquement, les entrepreneuses que j’accompagne me répondent « Je n’ai pas les moyens de déléguer » …
Alors je ne dis pas que c’est faux, même s’il faut généralement déléguer avant d’avoir les moyens de le faire, afin de se dégager le temps nécessaire pour faire rentrer plus de chiffre d’affaire (c’est un vrai pari). Parfois, en effet, ce n’est pas encore le moment de déléguer car ce ne serait financièrement pas viable sans quelques changements de stratégie qui ne sont pas au programme (ou juste c’est trop tôt).
Mais, penser délégation des tâches administratives, comptables ou de communication, c’est penser à l’arbre qui cache la forêt : la foultitude de tâches perso qui te bouffent un temps incroyable sur la semaine. Parce que tu peux séparer vie pro et vie perso, tu n’en es pas moins qu’une seule et même personne avec une seule et même plage de 168h par semaine.
En réalité, la délégation c’est aussi (et peut-être même avant tout) celle des tâches ménagères, domestiques, familiales… Et je ne parle pas forcément de payer quelqu’un pour le faire à ta place, mais de (re)penser la répartition de ces tâches dans ton foyer si tu le partages avec d’autres humains.
Je ne connais pas ton cas personnel, mais comme selon l’Insee les femmes prennent en charge 65% des tâches domestiques et 71% des tâches parentales et que, toujours selon l’Insee, en moyenne ces tâches représentent 765 heures de travail annuel (en excluant un certain nombre d’activités comme le jardinage, les jeux avec les enfants, les courses ou les temps de transports…), peut-être qu’il y a quelques dizaines d’heures disponibles quelque part si tu es une femme en couple avec un homme… Et même dans d’autres cas, c’est intéressant de voir ton temps dans sa globalité.
Croyance#3 : Tout le monde a 24 heures dans une journée
Alors non, je ne remets pas une mesure du temps vieille de 5000 ans en question : une journée fait bien 24 heures… mais ce qui est faux c’est de sous-entendre qu’on a toutes (et tous) les mêmes 24 heures.
La phrase qui a surtout circulé du côté anglophone du net c’est We all have the same 24 hours that Beyonce has (Nous avons tou•tes 24 heures comme Beyoncé). Et elle très représentative des dérives du dév perso et de la culture du « Quand on veut on peut » … Certes c’est motivant et salutaire de reprendre individuellement le pouvoir sur sa vie mais arrêtons d’oublier qu’on ne part pas toutes (et tous) du même endroit.
Déjà à la base, tout le monde n’a pas les mêmes besoins physiologiques (par exemple, je suis très frustrée d’avoir le sommeil très léger et donc besoin de beaucoup d’heures pour récupérer vraiment…).
Tout le monde n’a pas les mêmes responsabilités sur les épaules en terme de personnes dépendantes de soi (à situation égale, une maman solo ou une personne qui s’occupe de ses parents vieillissant n’a pas la même disponibilité pour ses projets que quelqu’un qui n’a pas la charge d’un autre être vivant).
Et tout le monde n’a pas les mêmes moyens financiers permettant de déléguer un paquet de tâches afin de se libérer du temps pour d’autres projets (sans parler de l’espace mental qui n’est pas disponible quand on ne se sent pas en sécurité financière).
En réalité, tu n’as pas les 24 heures de Beyonce, ni celles de cette entrepreneure ou cette artiste modèle qui t’inspire beaucoup, probablement même pas les mêmes que ton ou ta partenaire de vie si tu es en couple… Par contre tu as tes 24 heures et en regardant objectivement à quoi tu les passes, il est probable que tu puisses reprendre du pouvoir là-dessus et moins subir ton temps.
À ce sujet, tu peux lire cet article : Pourquoi suivre ton temps (et comment bien le faire)
Croyance #4 : Je dois répondre tout de suite ! (C’est urgent)
Tu connais le truc qui nous fait perdre un temps fou ? Les interruptions…
Je ferais un article là-dessus mais si tu veux gagner du temps tu peux déjà commencer par les conseils que je donne dans mon Défi 5 jours pour libérer de la place dans ton emploi du temps
Et le meilleur moyen de se faire interrompre ce sont les notifications et autres sonneries. Or, à quoi servent ces notif’ généralement ? A nous prévenir qu’un message ou un commentaire est arrivé sur un de nos profils de réseaux sociaux, notre boîte mail, notre appli de messagerie ou notre téléphone.
Pourquoi faire ? Nous inciter à y répondre, de suite.
Et quand on s’imagine couper les notif’, on sue à grosses gouttes en se disant qu’on va rater les messages, ne pas y répondre assez vite…
En réalité, tu n’es pas pompier ou médecin urgentiste, alors tu peux couper toutes tes notif’ et prendre le temps que tu veux pour répondre aux messages qu’on t’envoie (sauf si tu es vraiment pompier ou médecin urgentiste). Garde un canal pour les urgences vitales et ne l’utilise qu’avec les personnes qui peuvent réellement avoir besoin de toi urgemment.
Et arrête de t’excuser quand tu réponds à un mail avec un délai de 6 heures, si on se mettait tou•te•s à répondre au bout de 3 jours ça deviendrait la norme et on serait beaucoup moins sous pression non ? (C’est mon combat personnel, ou une excuse pour mon délai de réponse… qui sait).
Croyance #5 : Il est indispensable de se reposer pour être plus performante et créative après
Alors oui, c’est vrai se reposer est indispensable pour plein de trucs, comme… rester en vie par exemple.
Et quand on prend des vrais moments off, des heures, des jours, voire des semaines de repos, non seulement on évite la mort mais en plus on est généralement plus en forme, plus productive et notre cerveau bouillonne d’idées nouvelles.
C’est vrai et c’est chouette. D’ailleurs nombreux coachs en productivité et/ou business le disent : reposez-vous pour être plus performants.
Alors pourquoi je dis que c’est une croyance ?
Parce qu’il y a tellement une notion de productivisme intériorisé là-dedans qu’il semble qu’on doit (qu’on a le droit de) se reposer uniquement pour les effets bénéfiques que ça va avoir sur le boulot après… Faut bien remettre du carburant dans la machine quoi. Notre corps serait un outil au service du projet, donc il faut en prendre soin (du coup si on pouvait ingérer une poudre magique qui nous booste sans devoir prendre du temps off, on le ferait ? A priori pour certain•es c’est oui).
Alors, attention, je vais faire une proposition incroyablement transgressive, mais et si on prenait du bon temps juste pour le plaisir de prendre du bon temps ?
Pas parce que sinon notre pauvre petit corps ne tiendra pas le choc et notre cerveau sera incapable d’être un outil efficace. Pas pour faire plus et mieux derrière. Même pas parce qu’on a bien travaillé et qu’on mérite une récompense… Juste pour le plaisir (si t’es aussi âgée que moi, pense Herbert Léonard et ne me remercie pas)
En réalité tu peux te reposer, faire un truc « non productif » juste parce que c’est bon là tout de suite dans l’instant.
Te reconnais-tu dans une (ou plusieurs) de ces croyances ? Qu’est-ce que tu retiens de tout ça ?
Valérie, Madame Pas de Soucis dit
J’adore ces conseils sur les fausses croyances comme ça ! Elles freinent et alourdissent tellement de choses !
En particulier j’aime le conseil sur la croyance « je dois répondre tout de suite comme si j’étais un médecin urgentiste » : j’en parle aussi souvent aux mamans qui ont une charge mentale de folie que j’accompagne ! Quand on a un temps limité (24 h ou moins en fonction des gens, donc 😉 )il faut savoir mettre les priorités au bon endroit… et ne pas s’oublier dans l’équation ! Je rajoute d’ailleurs souvent que c’est la première chose qu’on apprend quand on passe son brevet de secourisme : quand on est appelé sur le lieu d’un accident, il faut D’ABORD se protéger soi car si nous aussi on se retrouve à terre comme la victime initiale, non seulement on n’aura pas aidé la victime, mais le pompier qui va arriver ensuite après nous aura DEUX personnes à sauver ! On doit donc aussi se mettre dans les actions prioritaires !
Merci pour cette mise en lumière !
Cécile dit
Merci pour ton retour Valérie 🙂