Ce contenu existe en version podcast ou en version écrite… A toi de choisir !
Ça ne t’aura pas échappé, nous vivons à une époque de surinformation. Principalement à cause de ces petits objets magiques qui nous permettent d’interagir avec d’autres humains, directement ou en différé, de s’informer, se divertir ou de se faire bombarder le cerveau de messages non désirés : les smartphones.
D’une notif à l’autre, d’un clic ou d’un swipe à l’autre, on se retrouve totalement happé dans une faille spatio-temporelle de laquelle on sort hébété en se demandant où est passé notre temps et notre cerveau.
Ce qui est forcément mauvais pour notre productivité, mais pas que.
Cette surcharge d’informations :
- A également des effets négatifs sur notre capacité de concentration.
- Génère de la fatigue mentale et du stress, avec l’impression que notre mental est constamment en surchauffe.
- Peut créer une dépendance aux médias sociaux.
- Voire provoquer une perte du sens de la réalité, chacun vivant dans sa bulle avec une perception du monde filtrée
Et c’est dur de lutter car tout est fait pour que l’on reste en ligne, qu’on continue à cliquer et scroller… Les algorithmes nous présentent des contenus qui correspondent à nos intérêts, avec des petits “trucs” qui viennent capter l’attention et hacker notre cerveau. Un petit shoot de dopamine par-ci, un élément suscitant la curiosité par-là (les fameux putaclic), une information qui vient provoquer une forte réaction émotionnelle (joie, compassion, peur, dégoût, surprise, colère… peu importe l’émotion et la réalité de l’info tant que tu restes voir la suite). Tout ça est fait par des pro de la psychologie et du cerveau humain.
Parce que les plateformes en ligne, type réseaux sociaux, veulent que l’on reste le plus longtemps possible sur l’écran puisqu’elles vendent notre attention à des annonceurs. D’ailleurs, si tu es entrepreneur•e, tu t’es probablement déjà retrouvé•e du côté de l’annonceur qui cherche à capter l’attention. Et toi aussi, tu as tenté de mettre des techniques en oeuvre, pour qu’on s’arrête sur ton contenu et qu’on clique sur ton lien…
Alors comment faire pour reprendre la main sur ton temps en évitant de tomber dans ces trous noirs de l’attention, en particulier si tu es toi-même créateur•ice de contenus et que tu ne souhaites pas opter pour la solution drastique de couper totalement les réseaux sociaux ou de noyer ton smartphone dans la cuvette des toilettes ?
Et bien, tu peux pratiquer l’ignorance critique.
Alors je ne viens pas d’inventer ce concept, je le tire d’un article de recherche Critical Ignoring as a Core Competence for Digital Citizens d’Anastasia Kozyreva, Sam Wineburg, Stephan Lewandowsky et Ralph Hertwig.
Les auteur•ices préconisent d’adopter cette nouvelle habitude pour se préserver des problèmes générés par les contenus faits pour capter notre attention coûte que coûte.
C’est quoi l’ignorance critique ?
C’est simplement le fait de choisir sciemment d’ignorer certaines informations au profit d’autres que l’on juge plus qualitatives. Notre temps et notre capacité d’attention étant limités, on va faire le choix, en toute connaissance de cause, de les investir sur certains contenus et, surtout, d’ignorer les autres.
Ce n’est donc pas le fait de suivre ou d’ignorer au hasard, mais bien de choisir les informations que l’on va délibérément ignorer. Les auteur•ices de l’étude d’ailleurs insistent sur le fait d’apprendre à ignorer certains contenus plutôt que d’apprendre à chercher et se concentrer sur ceux qu’on jugerait intéressants.
Face au flot d’informations qui nous submerge quotidiennement, il faut d’abord se protèger et protéger sa capacité d’attention et son temps. Le tri des informations intéressantes, sur lesquelles passer du temps se fera ensuite, parmi ce qu’il reste.
Comment on fait du coup ?
Pour pratiquer l’ignorance critique, on va donc filtrer les informations et ainsi contrôler ce à quoi on s’expose.
On va donc éviter les contenus de basses qualités, inutiles, les fake-news, rumeurs etc. Pour savoir quoi ignorer il faut donc d’abord reconnaître ce qui caractérise un contenu moisi.
Les auteur•ices de l’étude mettent en avant 3 types d’informations problématiques, ce que j’appelle les « contenus moisis » :
- Les contenus qui ne sont faits que pour distraire, passer le temps ou sont vraiment de mauvaises qualités en terme d’infos
- Les fausses infos
- Les trolls
Du coup, ce qu’on peut faire face à ça :
1- Face aux informations distrayantes et de faible qualité ⇒ Adapter ton environnement pour éliminer les tentations
C’est un peu comme ne pas acheter de pâte à tartiner (équitable et sans huile de palme bien sûr) ou la ranger très haut dans le placard histoire de rendre plus difficile le fait de tomber dans le pot. Tu peux par exemple :
- Désactiver les notifications (je ne compte plus nombre de fois où j’ai partagé ce conseil)
- Mettre une limite de temps sur certaines applis (ça peut être problématique si tu bosses ou t’informes dessus, mais ça peut aussi t’obliger à commencer par le boulot et l’info sérieuse avant de cliquer sur une vidéo de petits chats mignons)
- Désinstaller carrément certaines applis trop tentantes ou les rendre moins tentantes (comme en passant son écran en noir et blanc ou en n’y accédant que sur ordi, dans un onglet de navigateur privé qui oblige à remettre son mot de passe à chaque fois… Si tu bosses sur les réseaux sociaux, tu peux avoir uniquement ton compte pro connecté et ne rien suivre de perso / distrayant avec ce compte)
En gros, c’est plutôt à toi d’aller chercher les contenus que de laisser un algo t’apporter tout sur un plateau afin d’éviter la tentation de tomber dans un vortex rempli de chats mignons et d’accidents évités à la demie-seconde près.
Après tu peux également augmenter la qualité de ce que tu vois pendant ton temps d’écran, tout en restant sur les réseaux, en essayant de “dresser” l’algo à t’envoyer uniquement des contenus de qualité. Pour cela, n’interagit pas avec les contenus moins quali qu’il te suggère pendant un certain temps (c’est dur car ça demande de résister à la tentation pendant quelques jours, le temps que l’algorithme comprenne ce que tu veux).
2- Face aux fausses infos maintenant ⇒ Vérifier la crédibilité des sources avant même de commencer à lire
Si tu veux éviter de perdre du temps devant des informations fausses ou, disons, très biaisées, tu peux aller checker toi-même d’où parlent les gens. Plutôt que de perdre du temps à lire, même vite fait, un contenu qui t’a interpelé•e, tu vas aller chercher auprès de sources que tu sais fiables, qui est le site ou la personne qui publie ça.
Ou bien tu peux aussi aller regarder ce que tes sites d’information de référence disent sur le sujet que tu viens de croiser. Si le sujet t’interpelle, autant aller lire l’info sur un site que tu sais fiable.
3- Face aux trolls ⇒ L’ignorance
Je pense que c’est vraiment une règle essentielle pour les créateur•ices de contenus. Les trolls sur le net, ce sont des personnes qui cherchent à perturber une discussion en ligne en semant la discorde, en provoquant les autres participants, ou en postant des messages provocateurs, souvent dans le but de susciter des réactions émotionnelles ou de créer des conflits.
Parfois ce sont juste des personnes qui n’ont que ça à faire, parfois il y a un peu plus d’enjeux derrière leur comportement, notamment quand il s’agit de désinformation et de harcèlement.
Peu importe, le troll ou la personne malveillante, va te faire perdre un temps fou si tu commences à lire, répondre, argumenter, tenter de convaincre… bref don’t feed the troll. Ne réagis pas.
Idem pour les haters si tu en as ou les propagateur•ices de désinformation… Ignore, bloque, signale. Tu as bien mieux à faire de ton temps et ton attention.
J’espère que cet épisode t’aura aidé à envisager la pratique de l’ignorance critique pour préserver ton temps, ta santé mentale et ta capacité de réflexion.
Si tu es créateur•ice de contenu, je t’invite également à réfléchir à la qualité et à la quantité d’informations que tu partages histoire de ne pas trop contribuer à l’infobésité ambiante non plus.
Et toi comment fais-tu pour éviter d’être noyé•e sous les vagues de contenus que 12 vies ne suffiraient pas à consulter ?
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